Les forêts – Les bois

La flore des forêts et des bois

Pas de forêt sans champignons et pas de champignons symbiotiques sans les arbres. C’est dire l’importance d’une connaissance des différentes essences d’arbres pour aborder un large volet de la mycologie. La détermination de nombreux champignons commence par l’identification de l’arbre avec lequel ils sont associés.
En Cotentin, les massifs forestiers sont composés, pour l’essentiel, par les feuillus caducs et quelques résineux.

LES FEUILLUS :

Les feuillus sont des arbres produisant des feuilles bien développées, par opposition aux conifères ou résineux dont la forme des feuilles est réduite à des aiguilles.
En Europe occidentale, la plupart des feuillus sont des arbres à feuillage caduc (ou décidus), c’est-à -dire qui perdent leurs feuilles en automne.
Exemples : le chêne, le mûrier, le peuplier.
Mais certains ont un feuillage persistant, comme le houx, le laurier, ou le chêne vert.

LE HÊTRE :

Ses feuilles ovales légèrement ondulées, bordées de cils (au printemps) sont disposées de façon alterne sur ses branches celles-ci s’élèvent en rameaux non tortueux. Ses racines s’étalent dans les couches superficielles du sol, avec un ancrage peu profond, mais puissant malgré tout. Le bois du hêtre est dur, blanc à rosé, moucheté de mailles foncées, et est durable mais altérable par l’humidité. Il peut atteindre les 40 m de hauteur et vivre exceptionnellement jusqu’à 400 ans, mais la moyenne se situe autour de 150 ans.
On le rencontre en plaine et moyenne montagne, dans le bassin parisien, le Nord, l’Ouest et surtout l’Est de la France. Il affectionne les sols frais et pousse souvent à l’ombre des chênes auprès desquels il vit en futaie.
Le hêtre vit en symbiose avec des champignons, les mycorhizes, avec lesquels il vit et sans qui il ne serait pas là. Ils protègent ses racines contre les bactéries, lui apportent des substances de croissance, améliorent l’apport en éléments minéraux et en eau…
Exemples de champignons poussant sous les hêtres : Craterellus cornucopioides, trompette des morts ; Cantharellus, chanterelle ; Entoloma lividum, entolome livide ; Russula cyanoxantha, russule charbonnière …

LE CHÊNE :

Il se décline en plusieurs espèces : chêne pédonculé ; chêne sessile ; chêne vert, chêne liège, chêne chevelu, chêne blanc…
De 40 m de hauteur, de tronc droit et puissant – jusqu’à 2 m de diamètre, une longévité qui se compte en centaines d’années, des racines profondes et des branches massives et tortueuses. Il recouvre en France 40% des forêts.
C’est sous sa forme “Chêne pédonculé” qu’il est le plus connu, le plus typique des forêts françaises, il aime les climats très lumineux et ne supporte pas le couvert ! Présent également en lisère ou en haie, sur des sols compacts, profonds, frais et humides. Associés au Hêtre, sous forme de chênaies-hêtraies.
Ses feuilles simples, alternes, mesurent de 7 à 13 cm de long et présentent un découpage en cinq à sept lobes si caractéristiques : arrondis asymétriques, séparés par des sinus relativement profonds. Elles arborent une couleur vert foncé sur le dessus et une coloration plus pâle en dessous.
Les fruits qui résultent de la fécondation sont des glands ovoïdes allongés, de 1,5 à 3 cm de long, groupés sur un long pédoncule (d’où son nom).
Son écorce grise, lisse dans les premières années, se creuse de sillons longitudinaux roses et ocres de plus en plus profonds à partir de 20 ou 30 ans. Son bois est souple quand il est frais, dur en vieillissant, empêchant ainsi les vers de s’y loger.
Parmi les mycorhiziens comestibles associés au Chêne : Boletus edulis, le cèpe de Bordeaux (en plaine) ; Amanita caesarea, l’amanite des Césars ; Boletus aereus, le cèpe tête de nègre ; Russula cyanoxantha, la russule charbonnière. Parmi les saprophytes parfois parasites : Armillaria mellea, l’Armillaire couleur de miel ; Fistulina hepatica, la langue de boeuf.

LE BOULEAU :

De la famille des Bétulacées groupant une quarantaine d’arbres et d’arbustes de l’hémisphère Nord, dont l’écorce, d’abord lisse, s’exfolie en lambeaux minces, horizontaux, de consistance papyracée. Ce n’est pas un colonisateur, et il préfère les bordures de forêts ou les espaces découverts plutôt que les forêts profondes. Bien que ses rameaux soient très souples, les coups de vent les font tomber au sol en quantité, ils font alors le bonheur de nombreux animaux, qui les utilisent pour faire leur nid.
Champignons associés au Bouleau : Leccinum aurantiacum, le bolet orangé ; Cortinarius violaceus, le cortinaire violet; Amanita muscaria, l’amanite tue-mouches …
Exemple ci-dessous : bouleau verruqueux

LE CHÂTAIGNIER :

Membre de la famille des Fagacées, comme le Hêtre et le Chêne. Originaire d’Europe méridionale et orientale, couvre globalement environ 1,5% de la forêt française.
Essence de lumière ou demi-ombre, peut se contenter de sols pauvres, acides ou sableux.
Cependant, craint les grands froids et les sols calcaires. La Bretagne et le Massif Central correspondent à ses attentes, il y est très présent. Il s’associe au Pin sylvestre et au Chêne sessile, mais il apprécie surtout de se retrouver avec ses semblables.
Il peut atteindre les 500 à 1.000 ans son tour de tronc voisine facilement avec les 10 m et monte jusqu’à 35 m de haut.
Ses rameaux poussent de manière tortueuse. Son écorce brune est d’abord lisse, puis se crevasse en spirale, au fil des ans. Ses grandes feuilles (jusqu’à 20 cm) sont disposées de façon alternée sur ses branches, pétiolées, coriaces et bordées de grosses dents pointues. De vert luisant, elles passent à l’automne par un beau jaune éphémère avant de virer au marron. Marcescentes, elles se dessèchent sur ses branches avant de tomber en hiver.
A l’automne, ses bogues épineuses abritent chacune trois châtaignes. D’un diamètre de 6 cm, elles sont recouvertes d’épines et s’ouvrent en 4 parties. C’est entre 40 et 60 ans qu’il en produit le plus !

LE FRÊNE :

Il pousse sur sols frais : plateaux calcaires recouverts d’argile ou sols argileux profonds. On le trouve partout en France, sauf dans le Sud-Est. Essence de lumière, le frêne est un arbre de grande taille pouvant atteindre plus de 30 m et 1 m de diamètre, il vit de 150 à 200 ans ; son tronc est droit, assez lisse, gris vert ; son couvert est léger, sa croissance est rapide.
Il résiste bien au froid. Membre de la famille des Oléacées, l’un des plus grands feuillus européens.
Adeptes des sols frais et plutôt humides, souvent le long des cours d’eau.
On le trouve partout en France, sauf dans le Sud-Est.
Morchella esculenta var. rotunda , la Morille ronde peut être saprophyte du Frêne.

LE CHARME :

Le charme est une essence forestière importante en taillis sous futaie. Essence d’ombre, le charme est un arbre à tronc cannelé et écorce lisse, il croît lentement et ne vit guère au-delà de 100 ans, il dépasse rarement 20 m et 0,50 m de diamètre. Le bois blanc grisâtre du charme possède un grain très fin, à accroissements ondulés
Il appartient à la famille des Bétulacées, comme l’Aulne, le Bouleau et le Noisetier.
Il apprécie les sols neutres, assez riches, argileux et frais mais redoute les humus acides et les sols marécageux.
Après le Hêtre et le Chêne, c’est l’arbre à feuilles caduques le plus abondant de France, surtout dans les plaines et sur les plateaux du Nord et de l’Est, où il constitue la base des taillis. Egalement utilisé pour former des haies taillées, les charmilles.
De faible longévité, il ne vit en moyenne que jusqu’à 150 ans.
Champignons associés : Leccinum scabrum, bolet rude ; Omphalotus olearius, clitocybe de l’olivier …

LES RÉSINEUX :

LE PIN SYLVESTRE :

C’est un résineux qui peut dépasser 30 m de hauteur avec une cime conique peu dense.
Son écorce est brun rougeâtre à ocre saumoné dans la partie supérieure de la tige et du houppier.
Les aiguilles, groupées par deux, sont courtes (4 à 7 cm). De couleur vert grisâtre, elles sont tordues sur elles-mêmes.
La floraison du Pin sylvestre a lieu en mai-juin. Les fruits sont des petits cônes pointus (3 à 5 cm de long) à pédoncule.
Les pins possèdent des espèces spécifiques ou préférentielles parmi leur cortège mycorhizien : Tricholoma myomyces, les Tricholomes terreux et Tricholoma portentosum, prétentieux ; Suillus luteus, les Bolets jaunes ; Lactarius deliciosus le Lactaire délicieux ; Lactarius sanguifluus, le Lactaire sanguin. Parmi les parasites, Sparassis crispa, le sparassis crépu.

L’ÉPICÉA :

L’épicéa commun est le plus haut des résineux indigènes. Personnage familier de nos fêtes de fin d’année. Sa couleur vert sombre en fait un sujet apprécié et choyé, très présent dans le Nord de l’Europe. Peu difficile sur la nature du sol et le climat, il constitue de profondes forêts dans lesquelles règne un sage, mystérieux et fragile silence. Son bois, de teinte blanchâtre, tendre, à grain fin, s’emploie différemment selon les caractéristiques de ses cernes.
Ce grand arbre, dont le port varie selon la station et l’altitude, présente en général un houppier pyramidal, régulier surtout chez les sujets isolés et mesure en général de 30 à 50 mètres. En reboisement, son élagage naturel est bien souvent mauvais, avec pour conséquence la présence de nombreuses branches sèches. Sa longévité varie entre 300 à 700 ans.
Parmi les champignons symbiotiques : Boletus edulis, le Cèpe de Bordeaux (en montagne) ; Lactarius deterrimus, lactaire de l’épicéa ; Amanita rubescens, l’amanite rougissante ; Gomphidius glutinosus, le gomphide glutineux. Parmi les saprophytes, Lepista nuda, le pied-bleu.

LE MÉLEZE :

Champignons associés au mélèze : Boletinus cavipes, bolet à pied caverneux ; Suillus grevillei, le bolet élégant est un mycorhizien spécifique du Mélèze.

Dans la nature, tous les champignons ont un rôle à jouer, on y rencontre différentes espèces. Dans la forêt, ils participent à l’équilibre biologique et interviennent dans le fonctionnement de son écosystème.
Aux yeux du plus grand nombre, la forêt est le meilleur terrain pour la “chasse” aux champignons.
Nombre d’espèces sont liées aux arbres, on les appelle : les symbiotes, ce sont les amis des arbres.
Ils vivent en relation symbiotique avec les arbres en se joignant à leurs racines (mycorhize). Pour faire simple, les champignons drainent pour l’arbre des sels minéraux et l’arbre leur fournit des sucres…
Dans cette association, les hyphes colonisent les racines d’un arbre, d’une plante. C’est l’organe principal des champignons, constitué d’une cellule unique en forme de filament plus ou moins ramifié, qui peut mesurer plusieurs centimètres, le mycélium.
Ce que l’on cueille et que l’on appelle couramment “champignon” (pied et chapeau), n’est qu’un organe éphémère du champignon, le sporophore, là où se déroule la reproduction.
Un grand nombre de champignons comestibles (truffes, cèpes, girolles,…) vivent en symbiose avec les arbres (chêne, hêtre, épicéa, bouleau, sapin…).
Les spécialistes des sciences forestières font de la recherche sur l’utilisation des champignons telluriques ou souterrains pour améliorer la croissance des arbres établis et transplantés.

D’autres espèces, les saprophytes, participent à l’élimination des arbres morts et des feuilles mortes (ex : hypholome, plutée couleur de cerf, certains polypores…). Ils décomposent les matières organiques (souche, bois mort, litière,… pour les transformer en humus, terre végétale qui désigne la couche supérieure du sol créée et entretenue par la décomposition de la matière organique. Sans ces champignons les arbres et les plantes seraient étouffés par leurs propres déchets.

Les saprophytes ont souvent une préférence pour un certain substrat (excréments, débris végétaux, cadavres d’animaux,…) avec l’expérience on arrive à les trouver plus facilement grâce à ces indices.
Les saprophytes de l’humus, les espèces humicoles (lépiotes, plutées, clitocybes, marasmes,…) ; Les saprophytes de la litière (agaric des bois, collybie du chêne) ; Les saprophytes sur fumier ou excréments (coprins, panéoles).
Certains champignons vivent en parasite, aux dépens d’autres organismes vivants. Ils peuvent ainsi provoquer chez leur hôte des maladies plus ou moins graves, parfois mortelles.

Quelques fois, cela peut être un autre champignon par exemple le bolet parasite (Xerocumus parasiticus) qui vit aux dépens du scléroderme commun, (voir ci-dessous).

La dégradation des arbres par ces champignons parasites, assure le rajeunissement de la forêt. Les arbres morts servent d’abri et de nourriture pour de nombreuses espèces d’êtres vivants avant d’être renouvelés naturellement par de jeunes arbres.
Les parasites comme Piptoporus betulinus, le polypore du bouleau, se nourrissent des arbres forestiers, permettent d’éliminer les végétaux en mauvaise santé, ils participent ainsi à la régénération de la forêt.
Les pratiques polluantes et destructrices de ‘l’homme’ bouleversent les biotopes ce qui entraîne la raréfaction ou la disparition de certaines espèces de champignons. Ceci doit être pris très au sérieux, ce sont des signaux qui doivent nous alerter.
Il y a certaines règles à respecter notamment en matière de cueillette :
– Ne jamais ramasser l’ensemble des spécimens d’une même station, laisser les jeunes indispensables pour la reproduction et les vieux exemplaires qui ne pourront de toute façon être consommés.
– Ne pas utiliser d’outils destructeurs du mycélium, comme des griffes, des râteaux, etc.
– Ne pas piétiner de manière excessive, le compactage de la terre rend difficile le développement des champignons.